La recherche au CUFR est structurée autour d’un projet global interdisciplinaire utile pour la société mahoraise s’intéressant aux systèmes complexes que forment les territoires et îles du sud-ouest de l’océan Indien.
Ce projet de recherche s’appuie sur les éléments du volet recherche du projet d’établissement élaborés par la Commission de la recherche (CR) du CUFR.
Cette réflexion repose sur l’identification des compétences des enseignants-chercheurs du CUFR et des enjeux concernant les systèmes complexes (systèmes naturels, systèmes socio-écologiques, système d'enseignement…) des territoires et îles du sud-ouest de l'océan Indien.
Les enjeux du développement durable y prennent une résonance immédiate car les actions exercées par les populations humaines locales s’y couplent avec les changements globaux pour produire des aléas multiples s’ajoutant aux aléas naturels (sismique, tempêtes, érosion, …). Ces aléas s’appliquent à des systèmes complexes très sensibles en regard de leurs ressources et de leurs capacités d’adaptation, et des mutations sociales, économiques et environnementales récentes et rapides qui s’y produisent. Face aux multiples pressions qu’ils subissent, ces systèmes peuvent s'adapter, se transformer ou risquent de s'effondrer.
Quelle(s) voie(s) originale(s) de développement local contribueraient à l'élaboration de solution globale aux défis qui concernent la biosphère dans son ensemble ? Quels modèles développer pour mieux les appréhender ? Quels projets éducatifs et participatifs peut-on proposer aux populations ? Comment prendre en compte les patrimoines naturels et culturels ? Comment contribuer aux actions de développement ?
Ces questionnements décrivent l’espace de réflexion dans lequel la CR propose au CUFR d’inscrire son projet de recherche. La construction de ce projet de recherche repose sur une séquence visant à identifier les compétences que le CUFR peut mettre en œuvre notamment au titre de l’interdisciplinarité qui le caractérise (I), les enjeux territoriaux, plus particulièrement ceux spécifiques à Mayotte (II), les problématiques/questions et actions qui y sont associées (III). Ce projet vise également à identifier les différents partenariats et les synergies Recherche-Formation. Il vise aussi à intégrer les principes d’une animation scientifique permanente au sein du CUFR.
Le CUFR est aujourd’hui composé de quatre départements d’enseignement et de recherche que sont :
Chacun de ces départements comprend un nombre d’enseignants-chercheurs dont les effectifs encore limités plaident pour la mise en commun de leurs compétences sur des thématiques transversales mentionnées ci-dessus et que l’on peut schématiser par la figure suivante.
Au titre de leurs compétences, les enseignants-chercheurs du CUFR ont déjà initié plusieurs projets dont certains sont déjà basés sur des assemblages de compétences.
Une première liste des enjeux qui ont semblé être, pour la CR, les plus importants pour le territoire mahorais et sa région ont été identifiés à partir de l’analyse collective de différents documents récents s’y rapportant. Cinq enjeux sont apparus comme particulièrement importants sur Mayotte comme pour le reste des territoires de l'océan Indien :
À ces enjeux correspondent des actions de recherche fondamentale ou appliquée qui impliquent des approches interdisciplinaires utilisant des outils d’observation, d’expérimentation et de modélisation.
Ils appellent également à proposer une démarche scientifique renouvelée qui soit en mesure de servir un développement du territoire intégrant pleinement les réalités écologiques, sociales, économiques et culturelles. Cette approche se veut à la fois de type « bottom-up » et « top-down » : elle cherche d’une part à s’appuyer sur l’étude des systèmes socio-écologiques locaux et régionaux afin de contribuer à la réflexion sur des problématiques plus globales ; et d’autre part à étudier la pertinence d’adapter au territoire mahorais et à sa région des concepts et des technologies élaborés dans des contextes plus généraux.
Les actions peuvent être rassemblées dans un projet s’articulant en trois axes principaux complémentaires. Les actions identifiées au sein de chacun des axes le sont de façon provisoire en se basant sur les projets existants et sur ceux qui ont fait l’objet de discussions au sein de la CR.
Ces quatre axes peuvent trouver leur traduction opérationnelle sur plusieurs territoires « démonstrateurs » (par exemple : un bassin versant et son exutoire lagonaire, une mangrove et le village associé, un site pilote de traitement et de valorisation des eaux usées…) où pourraient être mise en œuvre :
Le principe de « chantier » est un contexte extrêmement favorable à une approche interdisciplinaire et participative.
Pour ce faire, il serait très pédagogique de pouvoir disposer d’une traduction visuelle de l’intégration des actions réalisables à l’échelle d’un démonstrateur pour convaincre les collectivités et plus généralement les acteurs du territoire de contribuer à la création de ce démonstrateur à travers une implication participative dans la mise en œuvre des innovations.
Les soutiens à ce projet global doivent être obtenus au plan local, national, européen et régional. Il est essentiel de développer une stratégie cohérente de recherche et d’obtention des ressources nécessaires à sa réalisation.
En se basant sur le bénéfice attendu d’une synergie entre formation et recherche, il est envisageable de mobiliser les étudiants du CUFR dans les opérations de recherche qui impliquent des enquêtes ou des observations de terrain. Les étudiants pourraient aussi s’approprier les connaissances acquises sur les systèmes socio-écologiques mahorais, sur la valeur des éléments patrimoniaux de l'île et en assurer la transmission vis-à-vis des populations locales.
Il existe également sur Mayotte un certain nombre d’acteurs qui sont et seront impliqués dans les enjeux et problématiques du développement durable et de la résilience des territoires. Les collaborations et partenariats initiés à ce jour doivent se poursuivre et s’intensifier pour permettre de rapprocher au plus près les connaissances de l’action.
Le CUFR bénéficie de collaborations privilégiées avec les universités partenaires et en leur sein avec des laboratoires de recherche reconnus. Des liens très concrets existent à travers plusieurs projets de recherche élaborés en partenariat avec les enseignants-chercheurs et chercheurs de ces laboratoires. L’accent doit être mis sur un équilibre entre la participation aux projets et leur portage par des enseignants-chercheurs du CUFR.
Le positionnement géographique du CUFR dans la zone sud-ouest de l’océan Indien constitue un atout majeur pour développer des collaborations avec les pays de la zone. Ces pays disposent d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche mais, pour la plupart d’entre eux, ne disposent que de moyens humains et matériels limités. Ils partagent cependant des problématiques identiques en termes de développement durable et sont demandeurs de partenariats dans différents domaines attenant à cette thématique.
Le CUFR pourra devenir un pôle d’attraction dans les futurs réseaux de collaboration dans la mesure où il construira et rendra visible un champ de compétences intégrées dans le domaine du développement durable.
La stratégie la plus opérationnelle possible est à soutenir dans le domaine des coopérations régionales en impliquant dans la réflexion puis dans le choix des projets partagés les acteurs de la recherche. Il est préconisé de privilégier, au moins dans une première phase, une démarche basée le plus possible sur des collaborations entre équipes de recherche régionales plutôt qu’une démarche utilisant les voies institutionnelles, laquelle peut être freinée et même rendue contre-productive par de nombreuses considérations géopolitiques.
Outre les collaborations existantes entre universitaires, le CUFR souhaite renforcer et conforter ces liens en intégrant le projet de création d’une « École Universitaire de Recherche (EUR) inter universités d’Outre-mer ». Ce projet fait suite à une démarche transversale aux universités ultramarines, initiée en 2016 par la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP) et la Direction générale de la recherche et de l'Innovation (DGRI) du Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MENESR) visant à structurer l’enseignement supérieur et la recherche ultramarins.
Les cinq universités de l’Outre-mer français (Réunion, Antilles, Guyane, Nouvelle Calédonie et Polynésie Française) se sont fédérées pour proposer un projet d’EUR reposant sur les expertises, atouts et spécificités des territoires ultra-marins, dans le domaine de la biodiversité et de la santé en zone tropicale. Œuvrant également sur la thématique de la biodiversité, le CUFR de Mayotte a exprimé la volonté d’être associé au projet transverse sur ce thème fédérateur et structurant.
Les territoires d’Outre-mer sont des bases avancées du rayonnement de la France au niveau international, avec un fort potentiel de recherche et d’innovation, en particulier en biodiversité tropicale (terrestre et maritime). Les outremers constituent la composante essentielle (97%) de l’espace maritime français et représentent 84% de la biodiversité en France. Une meilleure connaissance et une meilleure valorisation de la biodiversité de ces territoires doit en effet être perçue comme un élément moteur pour relever les défis régionaux, qu’ils soient économiques, sociétaux ou environnementaux et pour le bien-être des populations de ces territoires. Plusieurs grandes questions de recherche s’inscrivent dans ces défis sociétaux : les écosystèmes intertropicaux, la sécurité alimentaire, la santé des populations, la transition énergétique, les risques naturels…
Le projet d’Ecole Universitaire de Recherche permettra de mener des actions communes sur le thème de la biodiversité et de la santé en zone tropicale, à la fois en termes de formation et de recherche. Une offre de formation supérieure à distance de niveau Master et Doctorat, dans la logique des graduate schools anglo-saxonnes, s’appuyant sur des outils numériques performants et innovants (modules spécifiques sous la forme de MOOC, stages internationaux, écoles thématiques de terrain ou en laboratoire sur site…) pourra être proposée. Une recherche interuniversitaire à la fois ancrée dans les contextes locaux et régionaux, et attractive au niveau national et international, pourra être développée (contrats-doctoraux, post-doctorats, projets interuniversitaires, etc.). D’ores et déjà, ces établissements disposent d’Unité Mixte de Recherche (UMR) et d’équipes d’accueil s’appuyant sur des LABEX (CORAIL, CEBA, AGRO) reconnus d’excellence.
Le développement de la recherche au CUFR de Mayotte implique de mener une politique d’emploi, qui consiste notamment dans :
1° le recrutement d’un chargé de mission recherche (tel un ingénieur d'études) pour répondre aux appels à projets et au montage de projets complexes (les fonds européens par exemple) ;
2° l’ouverture de postes de professeurs qui prendront la direction du projet de recherche décrit ci-dessus.
Les enseignants-chercheurs du CUFR ont développé les collaborations au sein des réseaux de recherche régionaux. Les liens établis, en particulier dans le cadre de la Western Indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA), ont permis de favoriser l’accueil à Mayotte de scientifiques de haut niveau et d’envisager des collaborations avec des chercheurs étrangers notamment en Afrique du Sud, au Kenya, à Madagascar et au Mozambique. Les enseignants-chercheurs du CUFR ont également resserré les liens avec les laboratoires de recherche des universités partenaires auxquels ils sont rattachés. Mais force est de constater que la recherche au CUFR de Mayotte a atteint ses limites. La création d’une équipe d’accueil est devenue essentielle pour rendre visible la recherche du CUFR.
L’idée centrale pourrait donc être la création d’une équipe d’accueil, regroupant un certain nombre d’enseignants-chercheurs, de chercheurs, mais aussi personnels de techniques, doctorants, etc. travaillant sur des thématiques scientifiques communes marqueurs de l’identité du territoire de Mayotte.
Les grandes questions de recherche dans le territoire ultra-marin de Mayotte sont notamment :
Plusieurs grandes questions de recherche qui s’inscrivent dans ces défis sociétaux sont ici présentées.
L’équipe d’accueil permettra d’inscrire les enseignants-chercheurs et chercheurs dans une thématique et une dynamique. Elle permettra également d’obtenir des financements pour son fonctionnement et pour des projets.
CENTRE UNIVERSITAIRE DE MAYOTTE
8 rue de l'Université - Iloni - BP 53 - 97660 DEMBENI
02 69 61 07 62
Département Lettres et Sciences humaines
Département Sciences et Technologies
Admission en Droit-Economie-Gestion
Admission Lettres et Sciences Humaines
Admission Sciences et Technologies